L’Eglise maronite fait remonter ses origines à la colonie monastique de Saint-Maron, établie au Ve s. dans la vallée de l’Oronte, au voisinage d’Apamée de Syrie (patriarcat d’Antioche). Ayant accepté Chalcédoine mais rétive face au pouvoir byzantin, la communauté maronite, en butte à l’opposition des « monophysites », se réfugie progressivement au mont Liban dès le VIe s., où elle s’enferme dans un grand isolement qui l’empêche sans doute de bien saisir l’enjeu de la question « monothélite » (VIIe s.). Au VIIIe s., profitant peut-être d’une vacance du siège antiochien, son chef se donne le titre de patriarche d’Antioche. Les croisades tirent les maronites de leur isolement et leur ouvrent la voie à des relations de plus en plus suivies avec l’Occident. En 1182, l’union de toute la “nation maronite” à l’Eglise de Rome est scellée. Pour la tradition maronite, elle a en fait toujours existé et n’a jamais été rompue; ainsi, l’Eglise maronite est la seule Eglise orientale catholique à ne pas être issue d’une dissidence d’une Eglise orthodoxe. A partir du XVe s., les maronites et les druzes furent à l’origine de la création d’une principauté libanaise sous suzeraineté ottomane. En 1860, des massacres de milliers de maronites libanais provoquèrent une première vague d’émigration et l’intervention de la France, qui obligea l’Empire ottoman à reconnaître l’autonomie administrative du pays. Après la première Guerre Mondiale, le Liban fut placé sous mandat français (1920) puis devint indépendant en 1943-44. Un système politique confessionnel fut institué. La présidence de la République revenait de droit aux maronites. Une guerre civile, avec des aspects confessionnels, déchira le pays 1973 à 1990, déboucha sur l’occupation de fait et la mise sous tutelle du Liban par la Syrie. Ces tragiques événements ont accentué le processus de l’émigration des maronites: près de la moitié d’entre eux vivent en diaspora.
Patriarche: S.B. Béchara Raï (né en 1940, élu en 2011), Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient des Maronites, créé cardinal par le pape Benoît XVI en 2012 (résidence: Bkerké, Liban). Nombre de fidèles: 3.400.000 (dont de 1 à 1,5 millions au Liban, le reste en diaspora).
Liens : Homepage Maronite Patriarch of Antioch and all the East http://www.bkerke.org.lb/
2. L’Eglise chaldéenne catholique
Dès le XIIIe s., des missions de dominicains et de franciscains touchèrent les communautés de l’Eglise de l’Orient (“nestorienne”) en Perse et en Mésopotamie. Plusieurs évêques “nestoriens” isolés firent profession de foi catholique, mais ce fut sans conséquence. En 1552, une partie des fidèles opposés au principe de la transmission héréditaire du patriarcat déposèrent le catholicos “nestorien” Simon VIII Denkha et élurent à sa place Jean Sullaqa, supérieur d’un couvent près d’Alqosh. Sullaqa se rendit à Rome en 1553 et fit profession de foi catholique. Il fut le premier d’une succession de patriarches catholiques reconnus par Rome, dits “chaldéens” depuis 1830. Au fil du temps et d’une histoire malheureusement très conflictuelle, l’Eglise chaldéenne parvint à attirer la majorité des fidèles de l’Eglise “nestorienne”, surtout dans la première moitié du XXe s.. Les Chaldéens ont souffert de nombreuses persécutions en Turquie à la fin du premier conflit mondial: près de 70.000 d’entre eux y perdirent la vie. Aujourd’hui, la grande majorité des Chaldéens vivent en Irak; un dialogue œcuménique très fraternel est désormais noué avec l’Eglise sœur assyrienne, impliquant des projets pastoraux communs.
Patriarche: S.B. Louis Raphaël Ier Sako (né en 1948, élu en 2013), Patriarche de Babylone des Chaldéens (résidence: Bagdad, Irak). Nombre de fidèles: 550.000, dont 250.000 en Irak, le reste en diaspora (France, Suède, U.S.A., Australie).
Lien : http://www.opuslibani.org.lb/chaldmenufr.html
3. L’Eglise syro-malabare catholique
Les “chrétiens de saint Thomas”, c.-à-d. les anciennes communautés chrétiennes des côtes indiennes du Malabar (Kérala) furent longtemps en communion avec l’Eglise de Perse (“nestorienne”), qui avait contribué à leur organisation. Latinisés par les Portugais à partir de la fin du XVe s. et amenés de force à la communion avec Rome (Synode de Diamper, 1599), une grande partie de ces “chrétiens de saint Thomas” se révoltèrent en 1653 et se rallièrent, faute de pouvoir établir le contact avec l’Eglise de l’Orient, au patriarche syrien orthodoxe d’Antioche: ils formèrent ce qu’on appelle l’Eglise syrienne malankare orthodoxe (voir plus haut). Mais de nombreux chrétiens malabars restèrent dans le giron romain ou y revinrent quelques décennies plus tard. Depuis 1866, la hiérarchie est progressivement devenue autochtone, et le rite a été sensiblement délatinisé à partir de 1962. Depuis 1993, l’Eglise syro-malabare catholique est dirigée par un archevêque majeur, métropolite d’Ernakulam. De fortes tensions existent en son sein, entre partisans d’un retour aux traditions syriaques délatinisées et ceux qui sont favorables à un rite plus occidentalisé.
Métropolite: Mgr Georges Alencherry (né en 1945, élu en 2011) Archevêque majeur d’Emakulam-Angamali pour les Syro-malabars catholiques, créé cardinal par le pape Benoît XVI le 18 février 2012. Nombre de fidèles: 3,9 millions.
Lien : http://members.aol.com/chavara1/hierarchy.htm
Sur les Églises en Inde, voir en outre : Christianity in India : Homepage
4. L’Eglise arménienne catholique
Pendant les croisades, pour des raisons essentiellement politiques, l’Eglise arménienne de Cilicie s’unit formellement à Rome. Cette situation perdura jusqu’en 1375 au moins, c.-à-d. jusqu’à la fin du royaume de Cilicie. La restauration d’une Eglise arménienne catholique n’intervint qu’en 1635, quand l’évêque arménien de Lvov (Ukraine) rallia sa communauté à Rome. D’autres évêques firent de même par la suite, dont celui d’Alep, qui avait été élu catholicos de Sis (Cilicie) en 1740. Ainsi fut créé en 1742 le patriarcat arménien catholique de Cilicie, dont le siège changea souvent au cours du temps. Le génocide des Arméniens perpétré par les Turcs en 1915 toucha également la communauté catholique: près de 30.000 fidèles en furent victimes.
Patriarche: Sa Béatitude Grégoire Bedros (Pierre) XX Ghabroyan (né en 1934, élu le 25 juillet 2015), Patriarche de Cilicie des Arméniens (résidence: Beyrouth, Liban). Nombre de fidèles: 566.000, dont 50.000 au Moyen-Orient, 420.000 en Arménie, le reste en diaspora (U.S.A., Canada, Europe, Australie, Argentine, etc.)
Lien : http://www.opuslibani.org.lb/armenmenufr.html
5. L’Eglise copte catholique
Malgré de nombreuses tentatives unionistes sollicitées par Rome aux XVe et XVIe s., la naissance d’une Eglise copte catholique ne se concrétisa pas avant les missions des capucins et franciscains en Egypte au XVIe s. Dès 1644, Rome avait au Caire un vicaire apostolique chargé d’administrer la petite communauté uniate. En 1741, le pape Benoît XIV nomma vicaire Athanase, évêque copte de Jérusalem passé au catholicisme. En 1895, Léon XIII érigea le vicariat apostolique en patriarcat, qui fut cependant vacant de 1908 à 1947.
Patriarche:S.B. Ibrahim Isaac Sidrak (né en 1955, élu en 2013), Patriarche d’Alexandrie des Coptes (résidence: Le Caire, Egypte). Nombre de fidèles: 167.000.
Lien : http://www.opuslibani.org.lb/copticmenufr.html
6. L’Eglise éthiopienne catholique
L’action des Jésuites portugais au XVIIIe s. parvint à convaincre en 1622 le négus Susenyos de passer au catholicisme. Dès 1623, le pape Grégoire XV nomma un Portugais, Alphonse Mondez, patriarche catholique d’Ethiopie. Le mécontentement du peuple et du clergé contraignirent Susenyos à abdiquer en 1632 et une réaction violente s’ensuivit: l’Ethiopie fut fermée aux missions catholiques pendant près de deux siècles. Une petite communauté catholique parvint à se reformer au XIXe s. grâce à l’action des lazaristes. Elle se consolida pendant l’occupation italienne (1935-1941), mais reste extrêmement minoritaire: ses effectifs sont même moins importants que ceux de l’Eglise de rite latin en Ethiopie. Depuis 1961, les catholiques de rite éthiopien ont obtenu une hiérarchie autochtone et sont organisés en archidiocèse.
Archevêque : Mgr Berhane-Yesus Demerew Souraphiel (né en 1948, élu en 1999), archevêque d’Addis Abeba des Ethiopiens, créé cardinal par le pape François en février 2015 (résidence: Addis Abeba, Ethiopie). Nombre de fidèles: 90.000.
Lien suggéré (site de la paroisse éthiopienne catholique de Washington) : http://www.catholicforum.com/churches/kidanemehret/
7. L’Eglise syrienne catholique
Malgré quelques tentatives antérieures, il faut attendre le XVIIe s. pour voir s’amorcer l’ébauche d’une Eglise syrienne catholique. En 1656, un premier évêque “syrien-catholique” fut sacré par le patriarche maronite et reconnu par les Ottomans en 1662. Mais cette lignée patriarcale fut interrompue dès 1721 et ne reprit qu’avec Michel Jarweh, métropolite d’Alep, qui, avant son élection comme patriarche syrien orthodoxe en 1781, s’était proclamé catholique. Il se retira au Liban où il installa son siège patriarcal syrien catholique, reconnu par Rome en 1783. Cette Eglise s’est consolidée au XIXe s. Elle a souffert des massacres perpétrés contre les chrétiens en Turquie à la fin de la première Guerre Mondiale.
Patriarche: S.B. Ignace Youssef III Younan (né en 1944), élu le 21 janvier 2008. Résidence: Charfeh (Liban). Nombre de fidèles: 215.000 au Proche-Orient, et quelque 50.000 en diaspora.
Lien : http://www.opuslibani.org.lb/syriamenufr.html et http://www.cerclesyriaque.fr
8. L’Eglise syro-malankare catholique

En 1930, un évêque de l’Eglise syro-malankare orthodoxe (voir plus haut), Mar Ivanios de Bethany, passa au catholicisme, entraînant avec lui un nombre important de religieux et de fidèles. Il en est né une Eglise syro-malankare catholique, qui partage le rite des Syriens catholiques mais en est distincte dans l’organisation de l’Eglise catholique. Cette Église jouit depuis février 2005 du statut d’Église archiépiscopale majeure, qui en fait désormais une Église orientale particulière à part entière au sein de la communion catholique et lui donne le pouvoir d’élire et de nommer ses évêques.
Catholicos : S.Exc. l’archevêque Baselios Cleemis Thottunkal (né en 1959, élu le 8 février 2007), archevêque majeur de Trivandrum et catholicos des Syro-Malankars catholique, créé cardinal par le pape Benoît XVI en 2012 (résidence: Trivandrum, Etat de Kérala, Inde). Nombre de fidèles: 440.000.
Lien : http://malankara.net
9. L’Eglise grecque melkite-catholique
Cette Eglise regroupe des chrétiens catholiques arabophones de rite byzantin des patriarcats chalcédoniens d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Elle est née en 1724, lorsqu’un pro-catholique fut élu patriarche d’Antioche par les chrétiens de Damas. Une semaine plus tard, un synode réuni à Constantinople choisit un orthodoxe. La scission fut consommée: il y eut désormais un patriarche grec-melkite orthodoxe et un patriarche grec-melkite-catholique d’Antioche. Bientôt, seul ce dernier et son Eglise conservèrent l’appellatif “melkite”, délaissé par les orthodoxes. Au XIXe s., deux grands patriarches grecs-melkites-catholiques, Maximos III Mazioum et Grégoire II Joseph, étendirent et développèrent leur Eglise, reconnue par le sultan ottoman dès 1848. En 1838, le patriarche avait pris de titre de “patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem”. L’Eglise melkite a sans relâche veillé depuis à maintenir ses traditions propres et à rappeler à Rome le respect des droits des patriarches et de la discipline orientale. Son influence fut non négligeable au concile Vatican II, où le patriarche Maximos IV fut en quelque sorte la “Voix de l’Orient”.
Patriarche: S.B. Joseph Absi (né en 1946, élu le 21 juin 2017). Patriarche grec-melkite-catholique d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem (résidence: Damas, Syrie). Nombre de fidèles: 1.670.000 (dont 1.000.000 en diaspora: Brésil, Amérique Latine, U.S.A., Canada, Australie, Europe).
Lien : http://www.opuslibani.org.lb/melkmenufr.html